- pataquès
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• 1784; formation imitative iron., d'apr. ce n'est pas-t-à moi, je ne sais pas-t-à qui est-ce1 ♦ Mauvaise liaison entre deux mots. ⇒ cuir. Faire un pataquès, en substituant, par exemple, un s à un t final, ou réciproquement.♢ Par ext. Faute grossière de langage.2 ♦ Situation embrouillée. — Gaffe grossière, impair.pataquèsn. m. inv. Faute de liaison. Dire "ce n'est pas-t-à moi " (au lieu de "pas à moi ") est un pataquès.⇒PATAQUÈS, subst. masc.A. — 1. Faute de liaison, dans la prononciation, consistant à substituer un s à un t final, ou réciproquement, et plus généralement, à faire entendre une consonne qui n'existe pas à la finale du mot précédent. Synon. cuir, velours (rare). Faire un pataquès. Les bons orateurs trop peu méfiants, qui sortent un magnifique pataquès au milieu de leur première phrase (les grands zéros au lieu de les grands héros) (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p.143).2. P. ext. Faute, incorrection de langage quelconque; discours confus. Synon. baragouin, charabia, galimatias, lapsus. Discours plein de pataquès. Pour parler en littérature aristocratiquement des êtres et des choses, il ne connaît que Chateaubriand et moi, (...) les autres commettent à tout moment des pataquès effroyables (GONCOURT, Journal, 1888, p.794).3. P. anal., fam. Grosse gaffe, faute de tact. Synon. impair. Éviter un pataquès. Comment, «tout s'est bien passé»! Et la môme que tu oublies! qui a fait pataquès sur pataquès! (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, II, 11, p.54):• ♦ —J'irai en voiture avec Lulu, sûrement. —Alors... À quelle heure faudra que je passe chez toi? —Ah non, mon chou (...). Il vaut mieux que tu viennes de ton côté. Quand on a du chagrin on ne sait pas très bien ce qu'on dit. Ce serait trop bête vraiment si tu faisais un pataquès...DRUON, Gdes fam., t.2, 1948, p.189.B. —IMPR., TYPOGR. Synon. de mastic (v. ce mot C 2 a). Une équipe de correcteurs dont la tâche consiste à signaler les coquilles, les fautes, les mastics et autres pataquès qui se sont glissés dans la composition (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p.167).REM. 1. Pataqu'est-ce, subst. masc., var. graphique. Voir BAUDEL., Curios. esthét., 1857, p.186. 2. Patafouillis, subst. masc., rare, fam., synon. (supra A 2). Il leur expliquait [à l'office] avec force gestes, dans un patafouillis de français et d'italien (...) que la donna était très gentille (L. DAUDET, Bacchantes, 1931, p.74).Prononc. et Orth.:[
]. Att. ds Ac. dep. 1878. Étymol. et Hist.1. 1784 «faute de liaison» (DE B [BLOIS], Le Benjamin D' la Daronne ou La Boëte aux Pataquès, ms. Paris B.N. fr. 9268 [et non 9258, cf. PROSCHWITZ Beaumarchais, p.88] ds Fr. mod. t.22, p.258); 1802 (A. MARTAINVILLE, Pataquès ou le Barbouilleur d'enseignes, bluette en 1 acte, Paris, an XI ds Catal. gén. des l. imprimés de la B.N.); 1819 pataqui-pataquiès (BOISTE); 2. 1874 pataquès «discours confus, inintelligible» (Lar. 19e, citant E. Augier). Mot formé par imit. com. de la faute de liaison «je ne sais pas-t-à qu'est-ce» (cf. l'anecdote rapportée par P. DOMERGUE, Manuel des étrangers amateurs de la lang. fr., Paris, 1805, p.465 citée ds LITTRÉ). Bbg. BROWN (J. L.). Note sur pataquès. Fr. mod. 1954, t.22, p.258. —DAUZAT (A.). Pataquès Fr. mod. 1951, t.19, p.214. —GOSSEN (C.). Notes étymol.: pataquès. Fr. mod. 1951, t.19, pp.24-27. —SPITZER (L.). French «pataquès», «cuir». In: [Mél. Buck (C. D.)]. Language. Baltimore. 1941, t.17, n° 3, pp.253-255.
pataquès [patakɛs] n. m.ÉTYM. 1784; formation imitative ironique, d'après les fausses liaisons du type « ce n'est pas-t-à moi, je ne sais pas-t-à qui est-ce »; P. Guiraud invoque plutôt patac « coup, bruit » → Patatrac, patati-patata.❖1 Liaison vicieuse. ⇒ Cuir. || Faire un pataquès, en substituant, par exemple, un s à un t final, ou réciproquement. Par ext. Faute grossière de langage.1 (…) les Français ont le sentiment que pataquès est une formation expressive imitative, pour se moquer de ceux qui font des cuirs. Les deux variantes citées par Léo Spitzer le confirment : pataquiès = pas-à-qui est-ce (à côté de pas-t-à qu'est-ce > pataquès) et pata-qui = pas-t-à qui. La fausse liaison avec pas est regardée comme le type des « cuirs » : je rappellerai un des refrains de Polin qui, vers 1900, était célèbre par ses imitations du soldat mal déniaisé, venu de la campagne : « C'est pas-t-à moi — c'est pas-t-à toi — c'est à la France ».2 Quand on a du chagrin, on ne sait plus très bien ce qu'on dit. Ce serait trop bête vraiment si tu faisais un pataquès (…)M. Druon, les Grandes Familles, V, VIII, p. 326.
Encyclopédie Universelle. 2012.